1. Pouvez-vous me donner quelques détails sur votre mort ? — R. Une fois noyé, oui. — D. Pourquoi pas avant ? — R. Tu les connais. (Le médium les connaissait effectivement.)
2. Veuillez donc me décrire vos sensations après votre mort ? — R. J’ai été longtemps avant de me reconnaître, mais avec la grâce de Dieu et l’aide de ceux qui m’entouraient, quand la lumière s’est faite, j’ai été inondé. Tu peux espérer : tu trouveras toujours plus que tu n’attendras. 2 Rien de matériel ; tout frappe les sens cachés ; ce que ne peut toucher ni l’œil ni la main ; me comprends-tu ? C’est une admiration spirituelle qui dépasse votre entendement, parce qu’il n’y a pas de mots pour l’expliquer : cela ne peut se sentir qu’avec l’âme.
3 Mon réveil a été bien heureux. La vie est un de ces rêves que, malgré l’idée grotesque que l’on attache à ce mot, je ne puis qualifier que d’affreux cauchemars. Rêve que tu es enfermée dans un cachot infect, que ton corps rongé par les vers qui s’introduisent jusque dans la moelle des os, est suspendu sur une fournaise ardente ; que ta bouche desséchée ne trouve même pas l’air pour la rafraîchir ; que ton Esprit frappé d’horreur ne voit autour de toi que des monstres prêts à te dévorer ; figure-toi enfin tout ce que le fantastique du rêve peut enfanter de plus hideux, de plus horrible, et trouve-toi tout à coup transportée dans un Eden délicieux. Eveille-toi entourée de tous ceux que tu as aimés et pleurés ; vois autour de toi leurs visages adorés te sourire avec bonheur ; respire les parfums les plus suaves, rafraîchis ta gorge desséchée à la source d’eau vive ; sens ton corps élevé dans l’espace infini qui le porte et le berce comme le fait la brise d’une fleur détachée de la cime d’un arbre ; sens-toi enveloppée de l’amour de Dieu comme l’enfant qui naît est enveloppé de l’amour de sa mère, et tu n’auras qu’une idée imparfaite de cette transition. 4 J’ai tâché de t’expliquer le bonheur de la vie qui attend l’homme après la mort de son corps, mais je n’ai pas pu. Explique-t-on l’infini à celui qui a les yeux fermés à la lumière et dont les membres n’ont jamais pu sortir du cercle étroit où ils sont enfermés ? Pour t’expliquer le bonheur éternel, je te dirai — : aime ! car l’amour seul peut le faire pressentir ; et qui dit amour, dit absence d’égoïsme.
3. Votre position a-t-elle été heureuse dès votre entrée dans le monde des Esprits ? — R. Non ; j’ai eu à payer la dette de l’homme. Mon cœur m’avait fait pressentir l’avenir de l’Esprit, mais je n’avais pas la foi. J’ai dû expier mon indifférence pour mon Créateur, mais sa miséricorde m’a tenu compte du peu de bien que j’avais pu faire, des douleurs que j’avais éprouvées avec résignation malgré ma souffrance, et sa justice qui tient une balance que les hommes ne comprendront jamais, a pesé le bien avec tant de bonté et d’amour, que le mal a été vite effacé.
4. Voudriez-vous me donner des nouvelles de votre fille ? (morte quatre ou cinq ans après son père.) — R. Elle est en mission sur votre terre.
5. Est-elle heureuse comme créature ? Je ne veux pas vous faire de question indiscrète. — R. Je le sais bien ; est-ce que je ne vois pas ta pensée comme un tableau devant mes yeux ? 2 Non, comme créature elle n’est pas heureuse, au contraire ; toutes les misères de votre vie doivent l’atteindre ; mais elle doit prêcher d’exemple ces grandes vertus dont vous faites de grands mots ; je l’aiderai, car je dois veiller sur elle ; mais elle n’aura pas grand’peine à surmonter les obstacles ; elle n’est pas en expiation, mais en mission. Rassure-toi donc pour elle et merci de ton souvenir.
3 A ce moment, le médium éprouve une difficulté à écrire, et il dit : si c’est un Esprit souffrant qui m’arrête, je le prie de s’inscrire. — R. Une malheureuse. — D. Veuillez me dire votre nom. — R. Valérie.
6. Voulez-vous me dire ce qui a attiré le châtiment sur vous ? — R. Non.
7. Vous repentez-vous de vos fautes ? — R. Tu le vois bien.
8. Qui vous a amenée ici ? — R. Sixdeniers.
9. Dans quel but l’a-t-il fait ? — R. Pour que tu m’aides.
10. Est-ce vous qui m’avez empêchée d’écrire tout à l’heure ? — R. Il m’a mise à sa place.
11. Quel rapport y a-t-il entre vous ? — R. Il me conduit.
12. Demandez-lui de se joindre à nous pour la prière. — (Après la prière, Sixdeniers reprend :) Merci pour elle ; tu as compris, je ne t’oublierai pas ; pense à elle.
13. (A Sixdeniers.) Comme Esprit, avez-vous beaucoup d’Esprits souffrants à guider ? — R. Non ; mais sitôt que nous en avons ramené un au bien, nous en prenons un autre, sans pour cela abandonner les premiers.
14. Comment pouvez-vous suffire à une surveillance qui doit se multiplier à l’infini avec des siècles ? — R. Comprends que ceux que nous avons ramenés s’épurent et progressent ; donc, ils nous donnent moins de peine ; et en même temps nous nous élevons nous-mêmes et, en montant, nos facultés progressent, notre pouvoir rayonne en proportion de notre pureté.
2. — Remarque. Les Esprits inférieurs sont donc assistés par de bons Esprits qui ont pour mission de les guider ; cette tâche n’est pas exclusivement dévolue aux incarnés, mais ceux-ci doivent y concourir, parce que c’est pour eux un moyen d’avancement. 2 Lorsqu’un Esprit inférieur vient se mettre à la traverse d’une bonne communication, comme dans le cas présent, il ne le fait sans doute pas toujours dans une bonne intention, mais les bons Esprits le permettent, soit comme épreuve, soit afin que celui auquel il s’adresse travaille à son amélioration. 3 Sa persistance, il est vrai, dégénère parfois en obsession, mais plus elle est tenace, plus elle prouve combien est grand le besoin d’assistance. C’est donc un tort de le rebuter ; il faut le regarder comme un pauvre qui vient demander l’aumône et se dire : C’est un Esprit malheureux que les bons Esprits m’envoient pour faire son éducation. Si je réussis, j’aurai la joie d’avoir ramené une âme au bien, et d’avoir abrégé ses souffrances. 4 Cette tâche est souvent pénible ; il serait sans doute plus agréable d’avoir toujours de belles communications, et de ne converser qu’avec les Esprits de son choix ; mais ce n’est pas en ne cherchant que sa propre satisfaction, et en refusant les occasions qu’on nous offre de faire le bien, qu’on mérite la protection des bons Esprits.
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